Lire le récit de cette mission écrite par le "bombardier" de l'équipage Harold Wanamaker.
Lire le récit de cette mission écrite par le mitrailleur de nez de l'équipage: Robert L Ayers
Les derniers témoins américains qui ont vu le B-24, Harold Glothlen et Joseph Bruner, disent que " l’appareil semblait sous contrôle bien que deux hélices soient en drapeau, il avait quitté la côte à hauteur de la Seyne sur Mer et se dirigeait sur la Corse. ". Le pilote a donc décidé de revenir sur les terres pour permettre à l’équipage de sauter.
"Le fils du bijoutier de la rue de la Loges à Montpellier, Alex Bousquet, était dans ma patrouille (Les Hirondelles du groupe Lacordaire.). Le 20 juillet au matin il est venu à la maison avec le journal l'Eclair. Ce canard vichyste ne manquait pas une occasion de monter la population contre les alliés, c'est ainsi que les" Forteresses Volantes" étaient surnommées les "Libératueurs" (voir le bombardement du 5 juillet.). Un filet du canard nous apprenait qu'un LIBERATOR s'était crashée à Castries. Nous avions un vélo pour deux mais qu'à cela ne tienne. Tantôt sur la barre, tantôt sur le porte bagage ou bien l'un prenait le vélo et l'abandonnait après 500 mètres pour repartir à pieds, l'autre enfourchait alors le vélo et redépassait le premier et ainsi de suite: une méthode des plus efficaces! Bon, nous voila à Castries, après avoir contourné le village par le sud en direction de la gare, nous apercevons le B-24 dans les vignes, il avait sauté la D26 pour s'arrêter à quelques cent ou deux cent mètres plus loin, arrachant tous les ceps sur son passage, un véritable sillon! Nous en avions une vision de 3/4 arrière, il semblait intact hormis les quelques tôles qui trainaient encore dans le sillon. Cependant il y avait quelques badauds et.....une sentinelle montait la garde au milieu de la vigne, l'arme à la bretelle. J'ai voulu voir la bête de plus près au grand dam du copain et c'est ainsi que j'avançais à couvert lorsque je me suis fait rudement botter les fesses ! "Rahaus, schnell! Il va sans dire que je n'ai pas demandé mon reste, je suis revenu à la route au galop. J'avais ramassé une plaque d'identification, malheureusement elle a rejoint la poubelle lorsque je suis parti de la maison pour voler de mes propres ailes! Voila toute l'histoire" Témoignage de Mr Jean Robin
" C'était les veilles de mon mariage et nous étions mon fiancé et moi dans le jardin; nous avons compris en voyant cet avion voler si bas, qu'il était en difficulté. Effectivement il tomba environ 1km plus loin. Nous avons pris nos vélos pour voir ce qu'il en était mais il était impossible de s'approcher car les allemands arrivaient. Nous avons entendu dire qu'ils étaient trois, que l'un d'eux était mort et que les autres avaient du s'échapper.. Celui qui qui était décédé fut transporté le soir et allongé sur une table de la mairie et comme je travaillais un peu à la mairie, la femme de l'appariteur m'appela et toutes deux nous le veillames quelques heures. je n'ai pas oublié son visage et lorsque j'ai vu la photo de sa fille sur le journal, j'ai trouvé qu'elle lui ressemblait étrangement. Pendant cette veille, je ne pouvais m'empecher de penser à ses parents, à peut etre sa fiancée, car il semblait si jeune que je n'imaginais pas qu'il puisse avoir un enfant. Aussi lorsque j'ai appris par le journal que la fille était venue à Castries 50 ans plus tard, j'ai regretté de ne pas l'avoir su et écrit au maire de Castries qui ne m'a jamais répondu.." Témoignage de Madame Yvonne Chareyre-Gabach . Merci à Jean Robin pour m'en avoir fait part.
" A cette époque j’avais huit ans et je me souviens très bien du bruit assourdissant qu’a provoqué l’arrivée de cet avion, si bas, le choc au sol, et, ensuite, le nuage de poussière. Henri Brunel, âgé de seize ans à cette date, habitant au Café de la Promenade, a pu voir du haut de sa terrasse, l’arrivée de l’avion volant très bas qui venait de la direction du Crès ; il s’est précipité vers la gare, mais au carrefour de la rue des Faïsses, le gendarme Serdelan qui habitait à la maison Rousset, lui a ordonné d’aller avertir la gendarmerie et la mairie du crash de l’avion. Mon beau frère, Robert Fournier, alors âgé de vingt et un ans, se souvient que la DCA allemande tirait très bas ; cela aurait pu même endommager des maisons et même le château. Il a pris sa bicyclette pour se rendre sur les lieux, mais il lui a été impossible de franchir le cordon de soldats allemands qui ont été aussitôt près de l’appareil. Lors du crash, le mitrailleur était mort à son poste ; le pilote, indemne, a pu s’enfuir vers les bois de la garrigue basse. Il a été arrêté par les Allemands guidés par des chiens policiers à la maisonnette de Laurent. Le mitrailleur décédé a été transporté à la mairie, veillé par quelques personnes dont ma cousine Yvonne Chareyre-Gabach. Il a été inhumé au cimetière Saint Lazare : c’était la tombe de l’Américain. Sa famille l’a rapatrié quelques mois après la Libération. Le soir de ce 17 juillet, presque toute la population de Castries, grands et petits dont je faisais partie, descendit route de Baillargues pour voir l’avion." Témoignage de Mr Jean Vassas.
J’ai eu d’autres témoignages concernant le crash de l’avion. Tout d’abord, Jean Révolte, 9 ans à l’époque, dont la maison était la dernière au sud du village, sauf du côté opposé où il y avait la gare en pleine activité à ce moment là. C’est son père, Marcel qui, en compagnie de Louis Bonnet, Etienne Bonnaud et Michel Volle, ont aidé le pilote à s’extraire de la carlingue, le mitrailleur étant mort à son poste. Avant d’aller sur les lieux du crash, Marcel avait recommandé à ses enfants de rester à l’intérieur de la maison, car il craignait des représailles de la part des Allemands.
Un témoignage important de ce jour, c’est Michel Volle, président du Club Taurin qui me l’a raconté : étant sur sa terrasse impasse du Lierre, il a vu arriver la forteresse volante et le pilote a réussi d’un coup d’aile à éviter la grande cheminée de l’usine. Aussitôt il a accouru sur les lieux de la chute.
Maguy Couret 8 ans et Michel Ribéra 10 ans se souviennent qu’ils se sont beaucoup amusés à l’intérieur de l’avion cet été 1944 ; il y avait des balles tout autour du fuselage.
Merci à Mr Aimé Jeanjean pour le recueil du témoignage de Mr Vassas à Castries.
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